Le guépard (bis)
Le guépard / Luchino Visconti / Claudia Cardinale, Alain Delon, Burt Lancaster
Pour le revoir avec notre invité Aristide, nous avons emprunté le DVD du film.
Les plus: des images pour soutenir le rêve.
Alors, oui, c'est un grand film, la scène du bal est un morceau d'anthologie, surtout la valse avec le vieil aristocrate, l'exploration des innombrables pièces, les apartés, l'essentiel est là.
La photographie est remarquable, un peu jaunâtre, un peu désaturée, fanée, pour évoquer un monde en train de disparaître. La musique est partie intégrante de l'histoire, insistant sur le comique de situation (la fanfare) pour mieux surprendre la minute suivante, nostalgique.
La comparaison est possible avec "Autant en emporte le vent".
Les moins: comme toujours, un certain appauvrissement.
Beaucoup de détails ont été élagués, et les remarques amères de Fabrice tombent un peu dans le vide, hors contexte. Les dialogues sont fidèles mais par moments un peu elliptiques. Une partie des enjeux reste dans l'ombre, et il manque la mise en perspective, qui n'est pas le propos du cinéma.
Il s'agit ici de montrer, et bien sûr l'apparence a la part belle. Le film a un handicap, disons, congénital.
Mais le livre, à priori plus sérieux, complet, réfléchi, évolue-t-il vraiment sur une autre planète?
Surement pas ! S'il y a discours, c'est de l'art, et avec un conteur on n'est pas loin du théâtre, pas moins merveilleux car dépourvu d'artifices, je veux dire autres que ceux du discours...
Avez vous déjà entendu Catherine Zarcate ? Cette femme corpulente, à la voix multiple, suave ou tonnante, seulement munie de son cythar, tient sous son charme une salle entière pendant des heures.
Plus dense, plus complet, le livre ? Oui, mais je ne l'aurais certainement pas lu sans le film ...
De plus la démarche de Visconti, lui aussi aristocrate, décrivant un monde en train de disparaître, ressemble étrangement à celle de Lampeduza montrant à quel prix s'est faite l'unité Italienne.