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10 mars 2011

Des hommes et des dieux

Des hommes et des dieux, Xavier Beauvois, 2010

César du Meilleur Film 2010

 

DHDD

Ce film est inspiré par un fait divers réel, l'enlèvement, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, de sept moines Trappistes du Monastère de Tibhirine, suivi de leur détention  pendant deux mois et de leur assassinat. Ce fait divers survenu pendant la guerre civile Algérienne pose de nombreuses questions encore non résolues, à commencer par l'identité des ravisseurs. L'hypothèse "officielle" suggérée dans le film, les islamistes radicaux, est possible, mais, comme lors de nombreuses histoires sanglantes à l'époque, rien ne permet d'éliminer une manipulation menée par l'armée.

Nous avons vu ce film dont tout le monde parle (merci Henri). A moins de vivre sur une autre planète, en effet, impossible d'ignorer ce phénomène.

Pourtant j'avais une réticence qui ne s'est pas dissipée après l'avoir vu, mais a changé. Difficile d'être objectif dans ce débat, hélas. Cette marche vers le martyre me gêne énormément, elle me paraît très dangereuse.

Les acteurs sont magnifiques. J'ai une passion pour Mickaël Lonsdale, ici travaillé par le doute, l'angoisse, j'ai admiré aussi le jeu de Lambert Wilson, fort, décidé, qui pourtant se pose lui aussi des questions.

Je voyais dans leur obstination, leur refus de suivre les conseils de prudence une quête étrange, une aspiration au sacrifice à la fois dangereuse et absurde: c'est loin d'être aussi simple.

Même les plus déterminés du groupe à revenir en France, à l'abri, se rendent à l'évidence, ils ne peuvent pas partir, se résoudre à abandonner les gens qui comptent sur eux:

" Nous sommes comme des oiseaux sur la branche " dit l'un d'eux

" Non, dit une villageoise, c'est nous les oiseaux, et vous la branche "...

Que dire ? Ce film vous marque, il laisse un malaise. Même si rien n'est clair, même si la présence de ces hommes en terre étrangère ne va pas forcément de soi, difficile de ne pas admirer leur courage tranquille, leur sérénité devant l'inévitable. Car enfin, revenir et reprendre une petite vie tranquille dans leur famille, c'est sans doute perdre plus que leur vie: comment est-ce possible ?

Cela fait une 2ème hypothèse, un peu plus humaine, mais vaut-elle vraiment mieux pour ce qui concerne l'influence possible sur le pays, les gens ?

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Commentaires
S
j'ai vu le film il y a déjà pas mal de temps. Il est magnifique, sur le plan cinématographique et quant au jeu des acteurs. Je divergerais par rapport à tes justes réflexions (sacrifice,ambigu, dangereux, courage) sur un seul point : "ils ne voulaient pas abandonner le village à son sort". Que pouvaient-ils apporter à ce village dans cette situation ? On le voit, rien. Ils sont dans une situation qui les dépasse, dans un conflit où ils n'ont aucune place, ce n'est pas le leur. Un des moines dit (je ne sais plus quand ni qui), nous sommes là pour maintenir la présence du Christianisme...le courage tranquille et inutile (ils n'ont sauvé aucune vie ni protégé le village), ils ont fait ça pour eux, peut-être la peur de devoir recommencer une vie ailleurs liée à l'espoir de passer au travers. Le seul qui survit en se cachant sous son lit était celui qui ne se posait pas de questions ! Il semblait vivre chaque instant dans le présent.
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