Un jour mes princes sont venus

Un jour mes princes sont venus / Jeanne Benameur / Denoël, 2001

 Quatrième de couverture

" J'essaye une histoire d'amour, puis une autre, puis une autre encore, comme des vêtements jamais ajustés.

J'ai beau chercher ce qui me liera à lui, je ne sais pas demeurer.

Tout est à l'envers, je ne reconnais pas mon coeur. Et pourtant il bat"

Commentaire

En filigrane, on lit, à l'envers "un jour mon prince viendra" mais ce n'est pas encore possible pour cette femme, cette auteure qui parle à la première personne. 

Son père est mort alors qu'elle avait vingt ans : 

" Nous avons perdu l'homme de la maison. J'aimais ses mains... elles se sont ouvertes. Son poing fermé retenait le monde. Je n'ai plus de frontières."

En quelques mots, tout est dit: sans le père pour marquer les limites, le monde est effrayant, plus rien n'est possible. C'est bien plus que le classique "je ne veux pas me lier à lui pour ne pas risquer de le perdre." Comment se fier à un homme puisque mon père est parti ? Comment apprendre à vivre sans sa protection, sa présence ?

Tout est bloqué, pas seulement l'amour.

Plein de retenue et de douceur, ce texte est bien différent de "ça t'apprendra à vivre", même si l'enjeu est aussi grave. Là bas, en Algérie, elle risquait de perdre la vie. Ici elle est incapable de vivre.

Seule différence, pas (ou plus) de violence.

Un texte étonnant de sobriété, de pudeur, et pourtant éblouissant de précision, de justesse.

A lire absolument.