Oscar Peterson

Un personnage de légende.

Né à Montréal en 1925, disparu en 2007 à l'âge de 82 ans. Un géant, au physique imposant (1,86m et 100kg) avec une douceur incroyable. Un de ceux qui, contrairement au cliché sur les musiciens de Jazz, "savaient lire la musique", à la différence de son modèle, Art Tatum, qui l'impressionnait au point qu'il évitait de jouer en sa présence. Destiné à devenir un pianiste classique, il obliqua pourtant vers le Jazz, contre l'avis de son père. Sa soeur Daisy, devenu un professeur réputé, lui aurait donné ses premières leçons de piano.

Un bourreau de travail qui aurait toute sa vie, dit-on (sauf les derniers mois, où il ne travaillait qu'une heure ou deux), consacré au moins six heures par jour au piano. Dur à la tâche, dur à la douleur: il était capable de continuer à jouer malgré des attaques très douloureuses d'arthrite, ou de terminer un concert malgré une attaque cérébrale le privant momentanément de l'usage de la main gauche.

Toute proportions gardées, il se comportait vis à vis d'Art Tatum comme Schubert vis à vis de Beethoven, en élève intimidé par le maître, sans se rendre compte qu'il l'avait dépassé.

We get requests / Oscar Peterson Trio / Verve 1964

WGR_O_Peterson Pas le premier disque du trio, juste le premier contact. Rarement entendu quelque chose d'aussi délicat, harmonieux.

"Corcovado" et "The girl from Ipanema" apportent une note samba, les autres sont des standards, mais quelle précision dans le jeu d'Oscar Peterson, et quelle couleur dans la contrebasse de Ray Brown, même si le passage au CD entraîne une perte de qualité, du moins dans l'édition standard.

"You look good to me" est aussi une chanson de Marie Laforêt, du moins au début, avant que le trio développe le thème et s'envole. Puis, comme dans "Pyramid", retour au tempo lent et réexposition du thème.

C'est un disque qui ne s'oublie pas, tout comme

"Night Train" / Verve, 1963

Night_train_o_peterson Un énorme succès sur le plan commercial, certainement un de ceux qui ont marqué notre génération.

L'ordre des morceaux est un peu différent dans l'édition CD, où le premier morceau est "C Jam Blues" qui est plutôt tonique, alors que le vinyle installe tout de suite l'atmosphère générale du disque, propre à la rêverie avec le morceau éponyme.

Que dire de plus? Il y a un équilibre superbe entre rigueur et douceur, chaque note est à sa place, nécessaire, tout tourne rond. "Night Train" est certainement un des disques les plus jubilatoires, un de ceux qui a passé le plus de temps sur la platine.

The Cole Porter Song Book

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Il faut absolument écouter au moins le premier morceau du CD: "In the still of the night", un miracle de délicatesse, et pourtant là aussi, en deux notes, on sait où on va et avec qui.

Ici, Oscar Peterson s'efface, laissant toute la place aux mélodies de Cole Porter.

La technique, ici, est parfaite au point de devenir transparente.

Pofondeur chez Ray Brown, légèreté chez Ed Thigpen, complément parfait et aérien.

Interprète modeste (qualité pas si fréquente pour un pianiste) mais brillant, il est un accompagnateur parfait, comme lorsqu'il joue avec l'immense Ben Webster:

Ben Webster meets Oscar Peterson / Verve, 1959

Le même Ben Webster avait gravé un 30 cm de standards avec Art Tatum: il est bien difficile de départager le maître et l'élève. Bien sûr, le vinyle restitue mieux la sensualité du jeu de Ben Webster, mais le "background" est sans reproche dans les deux cas.

Tu nous manques, Oscar...

Un grand pianiste de Jazz

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