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4 août 2012

Le mas des oubells

Le mas des oubells / Ludovic Massé / Balland, 1995

 

L Masse Les mas des oubells

Ludovic Massé

est né en 1900 à Evol, dans les Pyrénées Orientales. Son oeuvre abondante et engagée n'oublie jamais, sous la forme plaisante du roman, le côté documentaire, témoignant de la vie des gens simples.

Instituteur pendant 14 ans à Céret, il est déplacé d'office sous Pétain et préfère quitter l'enseignement pour se consacrer à la littérature. Après Chopinette dans le monde du Rugby, en 1924, plaquette comique inspirée de Rabelais, sortent plusieurs titres liés au deuil de la mort du père (lui-même instituteur) après une longue maladie en 1927; ce sont Le livre des bêtes familières, Fièvre au village chronique, Lam, la truite. L'auteur se cherche.

En 1931 est publiée une nouvelle, Carnaval, prélude aux Versants de la douleur et enfin Le mas des Oubells, publié en 1933 chez Grasset. Parallèlement, Massé est correspondant e La Dépèche puis participe à la création du Cri Cérétan, et prend la parole le 14 juillet 1935 à Perpignan, au nom du Comité des Intellectuels Antifascistes.

La flamme sauvage sort chez Grasset en 1936, Lam, la truite chez Larousse en 1937. En 1938, Grasset refuse Coeur battant, il rompt avec la maison d'édition, et termine Pip et la liberté.

Déplacé d'office à Perpignan en septembre 40, il la quitte précipitamment en 44 pour l'Ariège. Le rythme reste soutenu avec Le vin pur et Le livret de famille en 44, Le refus, Simon Roquère et Fumées de village en 45, La fleur de la jeunesse en 46.

L'après guerre annonce des difficultés, les lecteurs ont envie de se changer les idées et sa littérature héroïque passe mal. En 47, la deuxième version du Refus est refusée par les éditeurs mais Ombres sur les champs est publié en anglais.

L Masse Le mas des oubells 3Période sombre: sa mère meurt en 1951, et Louise, sa femme, tombe malade en 54, et meurt en 58.

Heureusement, après 3 ans de silence, sortent La terre du liège en 53, Les trabucayres en 55, Contes en sabots en 59, et enfin Le refus en 62. C'est une période de vaches maigres, avec pour lui aussi, des problèmes de santé. Après Filigranes, Dubuffet de Z à A et Tolstoï, l'homme de la vérité, en 73, Massé nous quitte en 1982.

 

Le mas des oubells

Je devais commencer par cet ouvrage chaleureusement recommandé par un ami montagnard.

Son côté pittoresque comportait pourtant un double défi: l'a-priori péjoratif à propos de la littérature régionale (et prolétaire en plus) et le côté un peu archaïque des tournures de phrases. Pire, il circule des rumeurs folles dans ce hameau perdu, on se croirait presque au Moyen Age.

Situé dans les hauteurs près de Céret, dans l'improbable Montalbère, ce récit inaugure la série des Gregoire, plus ou moins inspirée de sa propre histoire familiale. On ne sait trop quand se passe l'action, entre 1914 et 1920, car peu avant, "Florimond Bonte s'asseyait sans vergogne au fauteuil de Jaurès".

Le jeune couple vient de Paris. "Ils y avaient été très malheureux, malgré leur jeunesse, malgré leur amour... Julien avait signé à l'Humanité des articles importants... Une réaction moscoutaire l'avait balayé. Un ordre glacé, incorruptible, stupide et grandiose à la fois, jetait dehors les meilleurs." Il se rappelle qu'il est bachelier, ce qui lui permet de postuler pour être enseignant. Tout les sépare des gens du coin, réservés, matois, méfiants.

Le sujet est indémodable : la violence domestique perpétrée par un individu charmant à l'extérieur, bestial à la maison, un pervers bien classique en somme. Après la naissance d'un enfant malformé, il se dit et se fait à propos de cet enfant et de sa mère à peu près n'importe quoi. il est question d'une tête de chien, mais ne s'agit-il pas simplement d'un bec-de-lièvre ? Difficile de se faire une opinion, le contexte se prête aux exagérations les plus folles.

Le jeune instituteur n'accepte pas l'exclusion de Jacquou après une seule journée d'école et va tout faire pour le réintégrer. Bien sûr les autres enfants ne sont pas tendres, il faut convaincre les parents, mais si on ne fait rien...

Il y a aussi une vieille histoire pas très claire entre le père, l'inquiétant Chouline, et son valet Hernadez. Chacun des deux a quelque chose à se reprocher et le secret les contraint la prudence. Il y a un curieux rapport de force entre les deux hommes, curieusement en faveur du valet, car si Hernadez est un déserteur, Chouline a tué un homme.

Alors ? Eh bien c'est un document passionnant. Une fois surmontées les réserves du début, la description précise des attitudes, des préventions des villageois envers le nouveau venu de la ville, les calculs de certains, la couleur locale un peu surannée, voilà un ensemble fort plaisant, même s'il n'y a pas vraiment d'intrigue.

Une critique un peu récurrente dans ce genre, hélas.

 

Avis publié dans le cadre du :

Challenge Régions

 

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Commentaires
L
le charme surrané déçoit un peu...<br /> <br /> <br /> <br /> participation enregistrée !
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