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7 juin 2011

L'insoutenable légèreté de l'être

L'insoutenable légèreté de l'être / Philip Kaufman, 1988

The unbearable lightness of beeing, USA, 1988

d'après le roman de Milan Kundera

 

L'insoutenableL'insoutenable légèreté de l'être

Hier soir, une seule possibilité à la télévision, le film dérivé du roman de Kundera, une découverte, pas encore vu malgré les années passées. Merci Arte.

Tomas, brillant jeune chirurgien, multiplie les conquêtes, se liant surtout avec Sabina, une artiste, puis avec Teresa, serveuse rencontrée en province, qui deviendra photographe (activité pas du tout anodine par la suite). Un libertinage sans entraves, vite rattrapé par le cours de l'histoire.

Une inquiétude, légère elle aussi, sous-tend la première partie, comme dans ces films montrant la douceur de l'été 1914: il faut bien que le bonheur ait été sans mélange pour que la catastrophe soit complète.

Elle est niée, "tu verras, les Russes ne feront rien" mais bien présente, jusqu'à cette nuit du 20 au 21 août 68 où un bruit sourd fait trembler les murs: les chars, même s'ils vont tout doucement dans les petites rues, font quand même du bruit. Voir ICI

D'un coup, on bascule dans le drame, les images montrant la colère des manifestants face aux troupes Russes, le printemps de Prague est terminé, la peur s'installe.

Deuxième acte: comme bien d'autres, nos trois personnages quittent Prague et se retrouvent à Genève, on voit alors le décalage, la déception par rapport à la fête pétillante de Prague, cela tient à une certaine grisaille, voire à une certaine laideur (qui d'après eux n'aurait pas été possible au pays), une existence vaine, contrastant violemment avec le bouillonnement de la fête à Prague.

Exemple: la scène un peu surréaliste où Teresa, à table avec son amant dans un palace Genevois, se plaint de la musique d'ambiance insipide, qu'elle considère comme du bruit... Comme on ne peut pas faire cesser ce bruit, on s'en va !

Les deux femmes auront un destin différent: Sabina émigre aux Etats Unis, mais Teresa ne trouve pas ses marques à Genève, elle se sent dépendante de Tomas et rentre à Prague. Peut-être dans l'espoir de retrouver l'ambiance du printemps ? Tomas la suit peu après.

Dès la frontière, on est fixé: le pays ressemble à une prison. La grisaille, la surveillance et surtout la peur  rendent la vie impossible. Il faudrait repartir mais il n'y a plus d'issue, plus d'espoir. C'est le troisième acte, on voit la normalisation au travail, et ses conséquences: on ne fait plus que survivre et les gens sont détruits de l'intérieur, à coup de petites lâchetés, de renoncements en compromissions. Tomas et Teresa ne cèdent sur rien, c'est donc l'impasse.

Ce que j'en pense 

On croit s'embarquer dans une histoire à la "Jules et  Jim", une petite bluette sans prétention, mais c'est aussi à une autre histoire qu'on assiste. Et là, difficile de ne pas être ému.

Un film magnifique. Un de ceux qui vous changent. Et, comme lorsqu'on vient d'écouter du Mozart, le silence qui suit fait encore partie du film...

A cheval entre le roman et l'évocation historique, ce film dit bien que nous, ici, ne vivons pas dans le même univers, comme on l'a vu dans les années 90... Août 68, c'était pour nous des vacances un peu particulières, après les évênements du mois de mai, entre mini révolution et gros monôme, mais qui n'avaient pas fait basculer la société pour l'essentiel. Hommage soit rendu aux autorités de l'époque et à leur sang froid.

Par contre, apprendre l'invasion de la Tchékoslovaquie par les armées "amies", quel choc ! Là bas on ne faisait pas semblant, c'est leur vie qui était en jeu, "sans filet".

Pour d'autres raisons, j'ai mieux compris le coup d'oeil coquin et de James Lipton recevant Juliette Binoche il y a quelques années, évoquant sa prestation dans ce film...

Si par hasard vous ne l'avez pas encore vu, pas de panique: il repasse dans la nuit de jeudi à vendredi à 1h20 et dure près de 3 heures.

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