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27 avril 2011

l'ancre des rêves

l'ancre des rêves / Gaëlle Nohant / Robert Laffont, 2007

 

Gaëlle Nohant

Née en 1973, lauréate (avec Jennifer  D; Richard pour "Bleu poussière") de l'édition 2007 de la Résidence du premier roman consacré à la littérature fantastique.

 l'ancre des rêves

Dans un petit village de la côte bretonne, chaque nuit les enfants Guérindel, Benoît, Lunaire, Guinoux et le petit Samson, sont en proie à des cauchemars terrifiants qu'ils taisent à leurs parents ...

Enogat, leur mère, a toujours interdit à ses enfants d'approcher le bord de l'eau. Est-ce seulement pour les protéger des dangers de la nature ? Ou d'une autre menace qui ne dit pas son nom ?

 

Ancre_des_reves_comp

 Ce que j'en pense

A ma grande honte, c'est pour moi une découverte tardive, sur le présentoir de la Médiathèque, d'un premier opus étonnant.

La couverture est un aimant puissant, et elle en dit beaucoup sur les échanges entres la surface et les profondeurs: est-on attiré vers le bas, l'obscurité, ou bien reçoit-on des messages des profondeurs ?

Magnifique évocation de la Bretagne, la mer "indifférente", qui ne restitue pas toujours les marins, la côte rocheuse, et surtout l'âpreté de la lutte pour la vie. Pas d'autre choix que s'embarquer pour des mois, dans des conditions extrêmes, où tout peut arriver, pas seulement du fait des éléments.

La vie des terre-neuvas apparaît particulièrement dure, au point qu'un capitaine pouvait se sentir insulté d'avoir été pris pour un simple marin...

Un roman qui vous prend à la gorge, tant c'est glauque, en bas, il faut s'accrocher, le début est rude, mais bien vite on ne peut plus s'en détacher, on est pris. Il est pénible de voir ces quatre garçons se débattre dans l'angoisse et dans des intrigues qui les dépassent complètement.

 Sans déflorer l'intrigue, impossible de rester insensible au courage et au rôle de la parole dans la ésolution des énigmes. Il en faut, du courage, pour dévoiler les secrets de famille, les non-dits. Comme toujours le silence ne profite qu'aux agresseurs, pas aux victimes...

4ème de couverture :

 - Dis donc, gamin,on t'a pas appris qu' c'était pas poli de zieuter comme ça ? J'aime pas les malins. Fais bien attention à toi.

Les morts marchent, ce soir.

Fais bien attention à toi.

Un long frisson le frigorifia comme une bourrasque  giflant un corps trempé.

Les morts marchent, ce soir.

Une comptine dont il avait perdu le souvenir lui traversa la tête.

<< Faut boire à la santé des gars

Qui sont coulés, au fond, en tas.>>

Citation d'un moment clé

Lunaire est sur la bateau fantôme, à la merci de l'horrible Cardec, mais il résiste. La vieille Ardélia cherche aussi à l'influencer.

"C'est Elle... J'en étais sûr..., dit la voix du loup  déguisé en grand-mère, cette vieille garce... résistante, la punaise...

Lunaire lutte de toute son énergie mais Ardélia prend toute la place.

Elle se sert de toi, pas vrai ? Elle se sert de toi pour m'atteindre. La punaise et son protégé. J'aurais dû m'en douter...

Bien sûr, elle t'a parlé de lui...Son amour perdu, une mauviette asthmatique... elle t'a dit qu'ils couchaient ensemble ? ....

Lunaire ferme les yeux, tentant de repousser la voix de Cardec quin résonne dans sa tête. Il ne peut pas continuer à la laisser  parler à l'intérieur de lui...

Fous l' camp, dit-il à la voix, mobilisant son énergie mentale. Fous l' camp, salopard.

C'est pas gentil, ça, sussurre la voix. Et puis elle disparaît...

Pour conclure ?

Encore une situation où la limite entre le rêve et la réalité devient très floue, d'autant que les évênements vécus la nuit peuvent interférer avec le jour... comme dans les grands classiques de la Fantasy, "Le seigneur des  anneaux", ou plus encore "La roue du temps"...

Vertige partagé par d'autres, "Vida es sueño" de  Calderon, ou même Lacan, pas vraiment un fantaisiste, pour qui derrière la scène, les apparences, il n'y a rien...

Donc, pour faire court, un roman passionnant, horrible et merveilleux, pourtant poorteur d'espoir.

Comme chez Hennig Mankell, après la pression presque insupportable de l'intrigue vient un énorme soulagement, quasi euphorique.

Tant il est vrai que les problèmes non résolus, même ceux des ancêtres, peuvent nous empoissoner l'esprit indéfiniment, mais qu'est ce qui nous empêche de les prendre à bras le corps ?

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Commentaires
N
J'avais beaucoup aimé ce roman. Je trouve injuste qu'il n'ait pas eu le succès qu'il méritait. Il n'est même pas sorti en poche...
T
Il fait toujours partie de ma LAL, il faudrait que je me bouge. Comme toi, voilà longtemps que je le vois à la bib !
C
Tu parles de ce livre avec une telle conviction et avec de telles références littéraires, Tolkien, Jordan, Calderon, Mankell , qu'on a vraiment envie de le lire. je le note.
S
t'as vraiment l'art de donner envie de lire les livres dont tu parles par écrit !<br /> <br /> Si j'étais, au hasard, un écrivain, je t'embaucherais...<br /> <br /> (c'est vrai que la couverture est attirante)
Y
J'ai beaucoup aimé ce livre moi aussi, ce mélange de réalité et de rêves me plait beaucoup, de même que ces sordides histoires de famille.
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