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1 février 2011

L'homme inquiet: Au Revoir, commissaire !

L'homme inquiet / Henning Mankell / Seuil, 2010 (Der orolige mannen, 2009)


l_homme_inquietPrésentation de l'éditeur

Wallander, à présent grand-père d'une petite Klara, a réalisé son rêve: vivre à la campagne avec son chien.

Quiétude vite troublée par la disparition du beau-père de sa fille Linda, un ancien officier de marine qui avait récemment et confidentiellement évoqué avec Wallander la guerre froide ainsi qu'une affaire de sous-marins russes dans les eaux territoriales suédoises.

Puis c'est au tour de la belle-mère de disparaître.
Soupçons d'espionnage. Au profit de la Russie? Des Etats-Unis?

Parallèlement à la police de Stockholm et aux services secrets, Wallander mène sa dernière enquête et amorce simultanément sa propre plongée en profondeur: défilent alors les années écoulées et les femmes de sa vie.

Et la petite Klara devient son ultime balise.

Au delà de l'intrigue, la force et la beauté du roman résident dans le portrait riche et bouleversant de celui qui se révèle ici sous la plume de son créateur, Henning Mankell.

Extraits

Sur les constantes:

"Quelques années plus tôt, il avait acheté en solde un livre sur une affaire criminelle qui remontait au début du XIXème siècle. En le lisant, distraitement d'abord, puis avec un intérêt croissant, il avait eu la sensation qu'il aurait pu entrer de plain-pied dans ce récit, enquêter aux côtés du commisaire rural sur le meurtre de ce couple de paysans pauvres de l'Ile de Värmendö...

L'être humain restait semblable à lui-même, les crimes les plus répandus n'étaient que la répétition des crimes commis par les générations précédentes. En guise de mobile, en cherchant bien, on trouvait presque toujours l'argent ou la jalousie, parfois aussi le désir de vengeance."

Sur les trous de mémoire:

"Tout à coup, je ne savais plus ce que j'allais faire là bas. L'effet, comment dire, d'être dans une pièce éclairée où quelqu'un, soudain, éteindrait la lumière sans prévenir. Je ne sais pas combien de temps je suis resté comme ça - dans le noir. Comme si je ne savais plus qui j'étais."

Sur le déclin:

Soudain il lui sembla se voir avec une clarté absolue. Un homme qui savait faire une seule chose, mais alors à la perfection: s'apitoyer sur son sort. Un personnage de part en part pathétique."

Commentaire

L'auteur vient d'écrire le dernier tome des enquêtes du commissaire Wallander: sans doute par lassitude vis à vis de ce héros fatigué, dépassé par l'évolution du monde moderne, découvrant sa complexité sur le tard, alors que sa fille, qui peut-être prendra le relais, est bien plus avertie et engagée.

Alors, celui qui se révèle, en négatif, c'est l'auteur. Bien différent de ce commissaire provincial, et conservateur, il est connu pour son engagement bien avant l'affaire du bateau pour Gaza en 2010, et pour ses amitiés africaines,

Mankell en a peut-être assez de cet homme usé, mais souvent en colère devant les manipulations des puissants, leur irresponsabilité et leur indifférence quant aux conséquences.

Dommage. Même si un certain malaise s'installe à voir tourner en rond le commissaire, en danger, jusqu'ici le roman se réglait pour le mieux. Ce titre est sans doute un des plus pessimistes de la série, laissant toutes les questions ouvertes, et les périls toujours d'actualité. Un titre bien sombre, comme le naufrage inévitable de son héros... Melody Gardot le chante ICI ("Your heart is as black as night")

Ce roman est une déception amère. Presque une rupture de contrat: jusqu'ici, Mankell nous faisait partager l'angoisse du héros, ses frayeurs, pour nous libérer avec le dénouement: rien de tel ici, on reste avec un poids sur l'estomac, comme s'il s'agissait d'un testament.

Peut-être que les titres à venir seront plus vivants ?

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Commentaires
Y
Eh bien, je ne devrais pas être déçue puisque je vais enfin découvrir ce mois-ci Wallander grâce à une lecture commune. Et bien sûr, je commence par le premier volume de ses enquêtes, "Meurtriers sans visage".
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