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3 juillet 2010

Il n'y a pas d'amour heureux

(Ainsi parlait Aragon, chanté par Brassens en 1953)

Les amants du spoutnik / Haruki Murakami / 10/18, Domaine Etranger


SpoutniksNé en 1949, Haruki Murakami est un auteur culte au Japon. Il se distingue par une écriture fluide, une manière de raconter une histoire en effleurant les choses et les gens. Puis un incident survient qui brouille la surface et nous entraîne vers les profondeurs. Subtil dérapage qui du quotidien nous attire vers l'onirisme, ou le fantastique. (d'après P Sorgue)

Curieux titre pour un roman, forme aimable pour aborder une problématique essentielle, absolument centrale et universelle, la solitude fondamentale de l'homme.

Les spoutniks, gadgets de métal tournant sans fin dans le vide, sont une métaphore pour nos trajets personnels. Sans issue, on peut tourner indéfiniment.

Lacan disait bien : "'il n'y a pas de rapport sexuel", simplement un malentendu entre deux subjectivités. Le poète dit la même chose mais plus joliment, l'écrivain aussi:

"La compréhension n'est jamais que la somme des malentendus."

Ici, K. est amoureux de Sumire qui aime Miu, laquelle est frigide. Comment ne pas penser à cette fameuse photo où Simone Signoret regarde Yves Montand qui regarde Marilyn qui regarde Henri Miller?

La ballade est agréable, aisée, mais il y a des lectures plus futiles. Il est amusant de voir à quel point la théorie Freudienne est universelle dans son domaine d'application, même dans une société apparemment si différente de la notre.

Murakami en est persuadé, qui fait dire à son héros:

"Je lui ai déclaré qu'il y avait un temps pour raconter, quelle que soit l'histoire. Sinon, on reste à jamais prisonnier du secret qu'on a enfermé dans son coeur."

Il est intéressant de voir comme d'autres cultures, qui n'ont pas notre corset culturel cartésien, "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement", (le reste n'existe pas sans doute) sont à l'aise avec l'imaginaire et le monde des rêves, l'irrationnel. Cette tolérance au bizarre ne serait-elle pas tout simplement une espace de liberté? Brassens ne cachait pas son goût pour les chemins qui ne mènent pas à Rome...

L'auteur parle ici du miroir, d'une fascination dangereuse, et de "murs qui séparent ce que l'on sait de ce que l'on ignore". Les anciens en tenaient compte dans leurs prédictions, Alice passe de l'autre côté, et Luke (la lumière) doit se méfier du côté obscur de la force dans la guerre des étoiles. Bilbon Sacquet dans "Le seigneur des anneaux" fait des rêves étranges comme Rand dans "La roue du temps".

Pourtant, quelques barrières sont utiles et nous rassurent. Pourrions nous vraiment supporter sans frayeur le "silence de ces espaces infinis ?"

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Commentaires
Y
Un intéressant billet sur un auteur dont je n'ai lu qu'un livre "Kafka sur le rivage" qui m'a beaucoup plu. En particulier grâce à ce surgissement de l'étrange, tout naturellement, dans un récit tout à fait rationnel. Je suis d'accord avec toi, pour ce qui est de l'affranchissement du carcan réaliste.
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