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De la lecture avant toute chose

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18 mars 2016

Visite au MOMA de Collioure

MOMA CollioureCollioure a son musée d'art moderne !

Alléché par l'affiche, je m'y rends voir les oeuvres traitant de l'invisible.

C'est une exposition "conceptuelle", précise la charmante hotesse d'accueil.

L'image reproduite ici est ce qui paraissait le plus abouti, les autres pièces me laissent perplexes:

à l'entrée, au rez de chaussée, une pierre est retenue par des fils de toile depuis le plafond de la cage d'escalier.

Au premier étage, à première vue, rien.

Au deuxième, outre l'image ci-contre, ce sont des morceaux de papier, des bouts de ficelle, des assemblages incomplets et simplistes.

Le montage en photo tient avec quelques morceaux de scotch.

De retour au premier, nouveau regard, il y a quelque chose au dessus du rien: un mince ruban de papier brillant parcourt les murs de la pièce, éclairé par un spot, et dans un coin on devine quelques briques, serait-ce l'ébauche d'une muraille ?

Comment qualifier cette présentation minimaliste ? L'important est invisible, disait Saint Exupéry. Eh bien il est omniprésent ici.

La prochaine fois nous irons voir le MOMA de Céret, à tout hasard.

Là aussi, il y avait eu une mauvaise surprise: une affiche plaisante, mais trompeuse eu égard à l'ensemble de l'exposition, triste et terne.

 

MOMA affiche

 

L'affiche est ici superbe, hélas le programme envisagé est trop bien assumé: en dehors de cette harmonie de gris et de bleus, et de l'mage ci dessus, l'invisibilité est au rendez-vous.

On ne se demande même pas s'il y a du sens, on reste incrédule devant un pareil dépouillement, le vide en devient presque angoissant.

Créer un malaise, c'était peut être le but ?

Pour en savoir plus :

www.collioure.net/museedartmoderne

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3 juin 2013

Une belle canaille

Une belle canaille / W. Wilkie Collins /Libretto, Editions Phébus, 2004

A rogue's life, traduction Eric Chédaille

 

 

Wilkie Collins

W. Wilkie Collins

Né en 1824 et mort en 1889, inventeur du thriller contemporain, W. Wilkie Collins influença jusqu'à J. L. Borges.

L'enjeu s'en résumait selon lui à dire et à montrer ce qu'il était convenu de taire et de cacher : un principe que Collins utilisa largement pour montrer l'hypocrisie de la haute société victorienne.

C'est le premier auteur de romans policiers anglais, bien avant Sir Conan Doyle et Scherlock Holmes ou Agatha Christie.

Longtemps proche de Dickens, avec qui il publia de nombreux ouvrages, il eut des difficultés à prendre de la distance avec cette collaboration épuisante, lors de la publication de La dame en blanc.

Une belle canaille

Si Frank Softly se porte comme un charme, c'est bien car être malhonnête lui va parfaitement et qu'au grand jeu de la vie sociale les tricheurs triomphent effrontément. Qui aura déja vu un tel vaurien, sympathique et mal élevé, balancer si magistralement les vérités comme autant de gifles bien appliquées ?

Citation

 "J'ai été et suis toujours, et continuerai sans doute d'être une canaille; j'espère cependant n'être pas dépravé à en oublier le respect dû au rang."

Ainsi se présente, dès la première page, un jeune homme de bonne famille (ce qu'il décrit comme un handicap), personnage plutôt sympathique mais absolument dépourvu de sens moral et d'ardeur au travail.

Commentaire

Le titre est alléchant mais la lecture parfois un peu laborieuse. Plein de contrastes ici : cette "canaille" est d'abord un fils de bonne famille, nanti comme l'auteur d'une bonne éducation et de relations. Même si cette haute extraction est parfois un handicap, obligeant à vivre sur un grand pied, donc au dessus de ses moyens. Ce que la société reproche surtout à Frank, comme à son auteur, n'est pas tant son absence de sens moral moral que sa franchise.

Michel Le Bris, dans sa préface, voit en lui "le plus français des auteurs anglais", fasciné par le boulevard du crime, Vidocq, Balzac, cette "littérature française alors jugée en Angleterre indécente, scandaleuse, immorale". Dans cette société, ce qui choque n'est pas tant ce qu'on fait que ce qu'on dit.

La fin, présentée comme le summum du mauvais goût, apparaît bien anodine comparée à nos moeurs et à aux écarts des financiers ou des grands de ce monde. Le héros fait bien des écarts que la loi réprouve mais pas forcément la morale. Il se trouve ainsi embauché un peu malgré lui dans un groupe de faux-monnayeurs, mais surtout pour l'amour de sa belle.

Le plus croustillant, à mon sens, est dans l'avant propos de Mari et femme, où Collins prend ses distances avec la mode de son époque pour le sport, qui sévissait un peu partout en Europe :"Mens sana in corpore sano" en somme. Il y voit des possiblités de dérives extrêmement inquiétantes, ce qui, à la lumière d'évênements récents ne manque pas de sel (sacre de l'équipe championne sur les Champs Elysées, bagarres de supporters).

Voilà de quoi justifier notre intérêt. Si la prose est un peu désuète, le sujet est bien actuel, hélas. Cette critique impitoyable lui valut bien des ennuis, et sans doute sa fin prématurée.

keep-calm-and-read

 Commentaire publié dans le cadre du mois Anglais

12 mai 2013

Mr Lever court sa chance / Nouvelles compètes, Tome 1

Mr Lever court sa chance / Graham Greene / Nouvelles complètes, tome 1

Pavillon Poche, Robert Laffont, 2013 / Traduction Marcelle Sibon, François Gallix, Isabelle D. Philippe

Complete Short Stories, 1923 à 1955

 

G Greene

Graham Greene, né à Berckhamsted (Angleterre) en 1904 et mort en 1991 à Vevey en Suisse, est un écrivain anglais, auteur de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre et de scénarios dont le plus connu est sans doute Le troisième homme.

Sans oublier La puissance et la gloire, Notre homme à la Havane, Un Américain bien tranquille, Le fond du problème, ou encore Voyage avec ma tante.

Ce personnage d'exception, non content d'être un des plus grands écrivains anglais de tous les temps, d'après son éditeur, fut aussi acteur à l'occasion (brève apparition dans La nuit américaine de François Truffaut), journaliste, et attaché auprès de Foreign Office pendant la deuxième guerre mondiale. Bref, un "sacré client".

 

Nouvelles complètes, Tome 1

Cherchant dans une grande surface culturelle un ouvrage de littérature anglaise, je trouve enfin ce volume après d'innombrables ouvrages d'origine américaine, et me souviens, après coup, avoir entendu la présentation de ce recueil sur France Culture : il n'y a pas de hasard.

C'est un ouvrage qui révèle petit à petit son humour, sans illusions sur la nature humaine, dans un pessimisme tranquille. Les premières nouvelles, celles de l'après guerre et de la crise économique, bien grises, montrent de petites gens qui essaient de survivre par des combines, où parfois l'escroc tombe sur plus rusé que lui ... (A armes égales)

G Greene S Stories

Tout cela n'est pas très enthousiasmant au premier abord, il faut insister pour découvrir de petits bijoux. Dans Fonctions spéciales, un homme d'affaires se fait gruger par une délicieuse demoiselle à qui "on donnerait le bon Dieu sans confession". Cette jeune fille, engagée comme secrétaire passe son temps en mission secrète auprès d'églises lointaines pour distribuer des fonds et acheter ainsi des indulgences pour reculer la date du trépas de son patron.

Ici, la couverture d'une édition bilingue de 5 nouvelles du même fonds.

Bien sûr celui ci découvre la supercherie, mais loin de se poser des questions sur sa démarche anachronique et va simplement chercher un autre secrétaire... Pour l'auteur, le mal ne s'achète pas, il se combat...

Dans la nouvelle éponyme, Mr Lever court sa chance, un personnage se remet en question et entame une quête impossible dans l'afrique profonde à la recherche d'un collègue disparu.

Dans Une ébauche d'explication, c'est une rencontre entre deux inconnus, dans l'obscurité d'un compartiment, et des confidences sur l'ébauche d'une vocation.

Dans L'église militante, celle ci se montre moins sympathique, envisageant sans états d'âme de créer une mission sans tenir compte des autochtones.

Dans Les destructeurs, c'est une lutte pour le pouvoir dans une bande d'adolescents.

Ces nouvelles plus ou moins courtes, constituant pour l'auteur des escapades, sorte d'évasions, ou, pour reprendre le mot d'Isablle D Philippe, une des traductrices, "54 niveaux de Greene", nettement plus dérangeantes que les niveaux de gris d'un ouvrage récent.

Un autre "Continent Greene" en somme, d'après l'éditeur.

19 avril 2013

L'ombre du vent

L'ombre du vent / Carlos Ruiz Zafon / Pocket 2013

La sombra del viento, Dragonworks, 2002 

Traduction François Maspero

 

L'ombre du vent

Carlos Ruiz Zafon est un écrivain catalan né en 1964. Il vit actuellement à Los Angeles.

L'ombre du vent, son premier roman, est un énorme succès littéraire (12 millions d'exemplaires) et a reçu de nombreux prix. C'est aussi le premier tome du cycle du Cimetière des livres oubliés, incluant aussi Le jeu de l'ange et Le prisonnier du ciel.

La renommée du cycle est telle que le maire de Barcelone en parlait dans un discours.

Quatrième de couverture

1945. Barcelone se réveille après neuf années de guerre. Dans une ruelle étroite, deux silhouettes émergent au petit jour. Un père, libraire, et son fils de 10 anss'en vont sacrifier à un rituel centenaire. Bientôt, le Cimetière des livres oubliés leur ouvrira ses portes.

Extrait :

"- Daniel, me prévint mon père, ce que tu vas voir aujourd'hui, tu ne dois en parler à personne. ...

- Pas même à Maman ? demandais je à mi-voix.

Mon père soupira, en se réfugiant derrière ce sourire triste qui accompagnait toute sa vie comme une ombre.

- Si, bien sûr. Pour elle, nous n'avons pas de secrets. Elle, on peut tout lui dire."

L'ombre du vent

Ainsi commence, et finit, comme dans L'histoire sans fin, un roman foisonnant, multiple, à cheval entre rêve histoire, poétique, nostalgique, drôle. L'ombre du vent est le titre du roman, mais aussi le titre du premier opus d'un écrivain, histoire dans l'histoire, qui accompagne le héros tout au long de l'histoire dont il est le prétexte.

Les livres comptent, au point qu'ils paraissent avoir une vie propre, les maisons aussi, témoins de richesses, de pouvoirs disparus. Les approcher n'est pas anodin.

Cela commence en douceur, dans une nostalgie aimable. Bien vite, c'est un feu d'artifice de digressions, de retours en arrière et d'histoires parallèles. En arrière plan, la guerre, qui ne s'arrête pas en 39. Barcelone a jusqu'à la fin vécu loin des combats et voit s'approcher le chaos et la destruction, puis un silence oppressant. Dans l'ombre les disparitions continuent.

L'ombre du vent, bien servi par la traduction limpide de François Maspero, exerce un charme vénéneux ! D'abord sur un mode onirique, mais bientôt se révèle la part d'ombre, même chez Julian l'auteur, même dans Barcelone, et tôt ou tard il faut payer pour ses actes ou ses choix.

Le récit prend une gravité singulière, au décours de la guerre civile : pas besoin d'avoir fait grand chose pour être pousuivi... l'angoisse se développe tout doucement. De ce côté des Pyrénées, une histoire peut tourner mal plus vite qu'ailleurs, et pour longtemps. Au pays de la corrida, les rancunes sont tenaces, et une humiliation se paye au prix fort. Ou alors on paye pour n'avoir pas voulu trahir.

On est dans la problématique obsédant les écrivains des deux côtés de la frontière, par ici, sur la "Retirada", les suites de la guerre, le fascisme et comment les gens ont été détruits.

Faut-il oublier et vivre, ou chercher à savoir et punir, se demande Gildas Girodeau dans La paix plus que la vérité, au risque d'entretenir la haine, et d'y entraîner la génération suivante ?

On dit qu'après les dernières notes d'une oeuvre de Mozart, le silence qui suit est encore de lui. Ce livre non plus ne vous lâche pas de sitôt.

 

 

11 avril 2013

Le porteur d'histoires

Le porteur d'histoires, d'Alexis Michalik

 

Le-Porteur-d-histoire

Après un long silence, voici une série de commentaires sur des ouvrages bien différents mais qui me semblent assez proches quant aux pistes de réflexion suscitées.

Il y a 10 jours nous étions à la Comédie des Champs Elysées pour Le porteur d'histoires, d'Alexis Michalik. C'était un de nos cadeaux de Noël, beau cadeau.

Déconcertant, de prime abord. Arrivés un peu en avance, nous voyons se remplir la salle, puis arriver un acteur en tenue légère: pieds nus, pantalon de toile, T-shirt. Il prend une chaise et nous regarde...

Un à un, apparaissent et s'installent deux jeunes femmes et trois hommes. Le silence se prolonge pendant que les spectateurs parlent, s'installent, bougent.

Enfin les lumières baissent, et le silence se fait dans la salle. L'acteur entré le premier démarre très fort : "Qu'est ce qu'une histoire ?" et dérive vers la nuance entre l'histoire telle qu'on nous la dit, et les histoires personnelles, et aussi le rêve, la réalité, dans une quête échevelée.

On y croise des personnages improbables, Alexandre Dumas, des Templiers, deux frères séparés depuis des années mais dont le père un peu bizarre vient de mourir, un raton laveur...

Le décor est minimaliste, lui aussi: il n'existe que dans notre imagination, comme cette fabuleuse bibliothèque léguée par le père, la jeep qui amène l'un d'eux visiter deux femmes dans le désert, l'avion.

Comme dans un feuilleton, on a envie de savoir et le temps passe vite, même sans entracte. On en sort un peu euphorique, et malgré certaines critiques, guère incommodés par la perte de nos anciennes colonies et au fait que deux algériennes se retrouvent héritières d'un français.

Une très belle soirée.

 

 

 

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17 décembre 2012

La petite boutique des rêves

La petite boutique des rêves / Roopa Farooki / Gaïa Editions, 2012

Corner shop, Roop Farooki, 2008 Traduction Jeremy Oriol

 

Farooki

Biographie de l'auteur

Roopa Farooki est née au Pakistan en 1974, d'un père Pakistanais et d'une mère Bengali.

Elle déménage au Royaume-Uni à l'âge de sept mois, et grandit dans le centre de Londres.

Elle partage sa vie entre le sud de l'Angleterre et le sud-ouest de la France.

Après le bel accueil de son premier roman, Le choix de Goldie, voici La petite boutique des rêves.

 

Présentation de l'éditeur

Lucky est un jeune garçon de quatorze ans qui rêve de faire gagner la coupe du monde de foot à son équipe. Son père Jinan, d'origine bangladaise, est un brillant avocat. Sa mère Delphine est française. Après une belle carrière dans le marketing, elle vit dans une aisance que toutes ses amies lui envient mais qu'elle trouve terne.
Son plus grand malheur serait-il d'avoir réalisé ses rêves trop tôt ? Delphine n'oublie-t-elle pas un peu vite Zaki, son truculent beau-père, qu'elle a connu bien avant Jinan et avec lequel la vie se parait des feux de la passion ? Zaki, le joueur, l'ours tendre, qui tient au coin d'une rue la petite boutique où Lucky vient se réfugier avec ses rêves.

Ce que j'en pense

Il est des bouquins où il faut s'accrocher pour aller jusqu'au bout, Le complot contre l'Amérique était un de ceux là malgré d'évidentes qualités. Il en est d'autres où on regrette déja, à mis parcours, de devoir quitter des personnages si attachants... 360 pages seulement.

Le premier chapitre est un joyeux bazar : entre les personnages, les retours en arrière, les digressions, les relations complexes, on se demande où on est tombé. Mais très vite on se rend compte que ce livre est une petite merveille.

C'est une découverte récente à la petite médiathèque de Collioure : j'ai été très attiré par le titre et un peu par la couverture. Après coup, je me suis aperçu que j'avais entendu parler de ce livre il y a quelques semaines sur France Culture, où l'auteure avait été invitée et gentiment "mise en boîte" à propos des relations incestueuses de Delphine, l'héroïne. Elle a connu Zaki et sa petite boutique, pour épouser ensuite son fils Jinan, et retrouver Zaki quelques temps après, créant une situation "compliquée"...

Et pourtant, malgré le côté scabreux les relations et les caractères sont décrits avec délicatesse.

Le titre original ne serait-il pas un hommage au film de Ernst Lubitsch, The shop around the corner, Rendez vous en version française) ?  Voir ICI

L'auteure est un peu jeune pour se souvenir de ce film, sorti en 1940 ... Inspiré par la pièce de Miklos Laszlo Parfumerie, de 1936, qui a connu de nombreuses adaptations au cinéma et au théâtre.

Décidément la piste est bonne puisque Delphine, au soir de ses fiançailles avec Jinan, entend plusieurs morceaux du groupe "Cornershop"... et ivre morte, se laisse raccompagner chez elle par Zaki. Heureusement, une amnésie pudique vient masquer ces errements.

La deuxième partie est plus profonde, car les personnages se libèrent et s'autorisent à briser leurs chaînes.

N'empêche, il est bien rare de voir aborder des questions aussi intimes avec autant de précision.

Allez-y, vous ne le regretterez pas.

Citations

"Dans ce monde, il n'y a que deux tragédies. La première est de ne pas obtenir ce que l'on veut, et la seconde est de l'obtenir". Oscar Wilde

Cela peut paraître un peu rapide. Roopa Farooki développe ce point de vue par la suite :

"J'ai eu une pensée pour Lucky qui réalisait ses rêves si jeune; c'était une tragédie inattendue que d'obtenir tout ce que l'on voulait, si tôt dans la vie: quelle cela lui laissait-il à ouvrir ?"

 Et une autre qui n'est pas dans le livre, celle de Freud pour qui "le bonheur naît de la réalisation d'un rêve d'enfant, c'est pourquoi l'argent en est absent."

 

 



 

14 décembre 2012

Le complot contre l'Amérique

Le complot contre l'Amérique / Philip Roth / Gallimard, 2006 / Traduction Josée Kamoun

The plot against america / Philip Roth, 2004

 

Philip Roth

 est un écrivain américain né le 19 mars 1933 à Newark, dans la banlieue de New York. Il est le petit-fils d'immigrés juifs originaires de Galicie (région à l'ouest de l'Ukraine, à distinguer de la Galice espagnole).

Il a accédé à la célébrité internationale depuis la publication d'un recueil de nouvelles, "Goodbye Colombus" en 1960, et de son best-seller, le "Complexe de Portnoy" en 1969. Il est l'auteur de très nombreux ouvrages et a reçu d'innombrables prix et récompenses.

Il aime mêler sa biographie personnelle à la fiction dans ses romans, et une certaine dose de provocation.

Considéré par certains critiques comme l'un des quatre écrivains américains vivants les plus remarquables, il faisait partie du peloton des "Nobelisables" ces dernières années.

 

Philip Roth Complot contre l'amérique

 Quatrième de couverture

Lorsque le célèbre aviateur Charles Lindbergh battit le président Roosevelt aux élections présidentielles de 1940, la peur s'empara des juifs américains. Non seulement Lindbergh avait, dans un discours radiophonique à la nation, reproché aux juifs de pousser l'Amérique à entreprendre une guerre inutile avec l'Allemagne nazie, mais, en devenant le trente-troisième président des Etats-Unis, il s'empressa de signer un pacte de non-agression avec Hitler. Alors la terreur pénétra dans les foyers juifs, notamment dans ceus de la famille Roth. 

 

 Le complot contre l'Amérique

 Plus que la description des sympathisants de fascisme, ce sont les contradictions et les travers des juifs qui l'ont intéressé. Par exemple le héros qui porte son nom a une amitié complexe avec le garçon des voisins du dessous. Il lui vole discrètement des vêtements, ce qui crée un malaise chez le voisin incapable d'xpliquer la disparition de son pantalon ... Par la suite, celui-ci lui sauve la vie, mais dans des circonstances curieuses où la collection de timbres du héros disparaît...

 

Commentaire

Philip Roth un auteur majeur, mais ce volume est particulièrement déstabilisant: pour commencer le héros porte son nom, c'est un garçon de 7 ans au moment de la "bifurcation" dans la trame de l'histoire. Dérangeant parce que le discours est extrêmement détaillé ( au point d'être souvent lassant ) et que la description imite tellement bien la réalité qu'on s'y laisse prendre. Au point qu'il publie en annexe certains extraits de la chronologie réelle pour "le lecteur curieux de savoir où s'arrête l'histoire et où intervient l'imagination."

Il termine par un discours incroyable prononcé par Lindgergh le 11 septembre 1941 : "Qui sont les fauteurs de guerre ?" pour faire obstacle à la guerre.

Philip Roth adhère au consensus en vigueur chez de nombreux auteurs de Science Fiction, de la résistance au changement de l'histoire, une sorte de plasticité limitée. Ici, après le coup de théâtre d'une Amérique prenant le chemin de la dictature, les choses reprennent leur cours habituel après quelques années, parce que les acteurs n'ont pas changé. Le pacte de non-agression conclu par l'Allemagne nazie avec l'Amérique n'a pas plus de valeur que celui conclu avec la Russie, mais la volonté expansionniste du Japon conduit tout de même à Pearl Harbor et de toute façon à l'entrée en guerre.

Plaidoirie à charge aussi, dénonçant les pro-nazis de l'époque, isolationnistes et nationalistes au sein du mouvement "America First", qui rappelle étrangement le slogan "Deutschland Uber Alles" des nazis. Aux U.S.A. il s'agit surtout de Henry Ford et Lindbergh, même si le discours suggère vers la fin une hypothèse de manipulation dont Lindbergh aurait été la victime, liée à l'enlèvement de son fils en 1932. De toute façon, "Il n'a plus jamais été le même après, il ne croyait plus en l'homme".

En face, Roosevelt est le grand homme du roman, ainsi que quelques autres qui refusent la fatalité, dont La Guardia, sénateur puis illustre maire de New York.

Tout comme dans "Quelque chose de pourri au Royaume d'Angleterre", voila un discours solide, vraisemblable et argumenté, qui donne le vertige. Cette uchronie est aussi une mise en garde : soyez vigilants, la bête immonde n'est pas morte ...

Très bon ouvrage malgré les longueurs. Un plaidoyer pour la démocratie.

 

10 décembre 2012

Petite sortie dans les Albères

Petite sortie dans les Albères

 

Canigou1

Aujourd'hui il fait beau, ciel dégagé, peu de vent, et comme Bubulle n'est pas sortie depuis des semaines, je vais explorer les Médiathèques locales: celle de Collioure est bien jolie, dans l'ancienne école du faubourg, l'accueil est sympathique mais elle est bien petite.

L'inscription vaut pour un réseau de huit médiathèques, de Port Vendres (une salle sous les combles) à Argelès (toute neuve, inaugurée cet été, des salles plutôt grandes sur 2 étages), en passant par Sorède, deux pièces dans une belle maison, et Palau del Vidre, une médiathèque toute neuve là aussi, le claire et gaie.

Tout cela le long de l'ancienne route d'Argelès au Boulou, charmante et capricieuse.

J'ai vu les trois premières la semaine dernière, deux autres hier, et ce matin je voudrais voir celle de Laroque des Albères, petite mais en plein centre ville.

Cherchant la dernière, celle de Montesquiou des Albères, j'ai surtout remarqué la générosité de la DDE, qui adore saupoudrer les petites routes viroleuses de graviers, car ces petites routes souffrent, il y a des trous et des fissures. Le gravier est sûrement utile pout la plupart des gens, mais en deux roues ça surprend, surtout dans les virages bien entendu.

N'ayant pas trouvé la huitième merveille, pardon la 8ème médiathèque du réseau local, j'ai repris la voie rapide vers la Côte Vermeille, ce sera un autre jour. Peu de monde sur la route, un peu de vent, c'est tonique, mais il ne faut pas se plaindre, le soleil fait passer les quelques degrès au dessus de zéro et le vent. Ce matin, petite visite à La Junquera pour se ravitailler en Manchego et aussi en bière.

Ce matin, 7° sur la voie rapide vers Le Boulou, mais à peine 2° en montant vers Le Perthus: test réussi pour l'équipement d'hiver. Le Canigou est vraiment splendide en ce moment.

 

 

 

 

 

1 décembre 2012

Quelque chose de pourri au Royaume d'Angleterre

Quelque chose de pourri au Royaume d'Angleterre / Robin Cook / Ed Payot, Rivages Noir, 2003

A state of Denmark, Robin Cook, 1970

 

Robin Cook

est un écrivain anglais, né en 1931 et mort à Londres en 1994. Il est l'auteur de nombreux romans noirs.

A ne pas confondre avec son homonyme américain, auteur de thrillers dans le milieu médical.

 

QQChose de pourri

 Quatrième de couverture

Richard Watt, journaliste anglais engagé, s'est exilé dans un village d'Italie pour fuir une Angleterre qui a sombré dans la dictature. En effet, le nouveau premier ministre Jobling se refuse à organiser des élections à expiration de son mandat et réprime férocement toute opposition politique.

La présence de Watt à Roccamaritima ayant été signalée aux autorités anglaises par un couple britannique, le journaliste est extradé vers son pays d'origine...

Publié en Grande-Bretagne en 1970, ce roman semble avoir été écrit hier, tant ses thèmes sont d’actualité. Salué par la presse britannique comme digne de succéder au 1984 de George Orwell, Quelque chose de pourri est, avec son titre shakespearien, un roman impressionnant, superbement écrit, poignant et visionnaire.

 

 Quelque chose de pourri au Royaume d'Angleterre

Encore une histoire qui commence bien et finit mal. Richard Watt vit près d'un petit village de toscane, Roccamaritima, une sorte de paradis avec sa compagne Magda. Connu et rspecté de tous dans ce village, il a depuis restauré en quelques années une ruine pour en faire une maison correcte et confortable où il vit en autarcie et vend sa production de vin.

Plutôt qu'une descente aux enfers, le propos est de montrer comment un homme vigoureux et dans la force de l'âge, à 39 ans, est réduit à l'impuissance et finalement euthanasié, en quelques mois. Le pire est que tout cela se passe pratiquement sans violence physique. Le côté insidieux du drame le rend encore plus inquiétant, et vraisemblalble.

Le tyran a décrété l'abolition de la peine de mort, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de disparitions, mais en douceur.

On voit très bien, par contre, comment les anglais, du moins ceux qui ne collaborent pas, sont réduits au silence, à l'angoisse et au désespoir. Cela pourrait se passer partout, bien sûr à Prague en 68 ou à Budapest en 56, ou encore à Santiago du Chili en 73 ou à Buenos Aires... mais que cela se déroule en Angleterre, avec sa tradition d'ouverture et de tolérance, est pour l'auteur le plus incroyable.

 

Ce que j'en pense

Une lecture salutaire, qui nous dit en somme que "cela n'arrive pas qu'aux autres", une démonstration imparable, impressionnante. Un grand livre, au même titre que "1984" de Georges Orwell ou "L'aveu" d'Arthur London (même si dans le cas précédent, le héros est également privé de procès ou d'accusation).

26 novembre 2012

Pas de répit pour les cafards

Pas de répit pour les cafards / Gildas Girodeau / Cap Béar Editions, 2009

 

Gildas Girodeau

 Né à Collioure le 29 avril 1953, ancien navigateur breveté de la Marine Marchande et aussi sur voilier, il est aussi Producteur d'huile d'olive à Argelès, écologiste et militant Catalan.

 

G Girodeau Cafards

Quatrième de couverture

"Le thonier fonçait à pleine vitesse dans la nuit noire, au moins dix-sept noeuds, la mer semblait calme. Pourtant, une imperceptible houle commençait à l'agiter, menaçante respiration de la tempête approchant par le nord..."

Gildas Girodeau signe ici un polar haletant qui nous plonge dans le côté obscur d'une Françafrique guidée par d'inavouables raisons d'état.

 

Ce que j'en pense

Une découverte et une bonne surprise. Voilà encore un roman qui ne vous lâche plus, les 250 pages se survolent en un rien de temps. C'est bien écrit, rapide et l'histoire tient la route malgré quelques approximations.

Toujours le même plaisir à reconnaître des lieux familiers, en notant au passage les goûts musicaux de l'auteur, Blues, Rock, Melody Gardot, et, plus rare, la clarinette ricanante du Klezmer...

Malgré le silence prolongé des média, surtout les nôtres, on finit par se poser des questions sur l'engagement de notre pays en Afrique centrale ... Il me revient le souvenir d'un ami de la famille, médecin général qui écoutait les nouvelles en ondes courtes un peu après les jeux Olympiques de Barcelone (92).

 

Au total

Pour moi, Girodeau à Collioure, cela représentait une école de plongée renommée, mais aussi une école de voile, surfant sur la vogue du "Windsurf" dans les années 70, voilà un nouvel aspect fort intéressant.

 Je vais renouveler l'expérience car ce titre, publié en 2009, semble inaugurer une longue série (6 titres en tout).

Un bon polar qui se lit vite et dérange un peu le lecteur...

 

Challenge_Régions

Commentaire dans le cadre du Challenge Littérature Régionale

 

 Post Sciptum

Mea culpa, j'ai interverti les deux titres.

Les cafards se rebiffent, c'est la suite que je viens d'acheter. Celui avec une superbe Norton Commando sur le quai.

Commentaire dans quelques jours ...

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